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    27 Mai 2011

    Je ne voulais pourtant plus rien 
    mettre sur DSK jusqu'à ce que 
    l'on y voie plus clair. 
    Cet article de "C'est la Gêne" 
    est trop bien torché et corrés-
     pond trop à mes idées pour ne 
    pas l'empruter avec mon sans-
    gêne habituel...
    Je n'ajoute rien, sauf à la fin 
    ma blague, tout aussi habituelle.
      
     

    Quelque part entre Dreyfus et Talleyrand

    Ces dernières jours, beaucoup de voix se sont élevées pour dire que l'on parle trop de l'affaire DSK nous rappelant -à juste titre- que les avis c'est comme les trous de balle: tout le monde a le sien. Certes, on a pu vérifier certaines vilaines tendances qui voient nos journalistes confondre avec un peu trop de légèreté info avec édito. Mais l'affaire a aussi révélé à quel point nos  faiseurs d'opinion peuvent s'avérer faux cul lorsqu'ils publient sans la moindre retenue les images de la déchéance de l'ex boss du FMI, s'asseyant allégrement sur la législation française en matière de présomption d'innocence et le lendemain, dans un vague souci de nous jeter un peu de poudre aux yeux déontologique,  y vont tous de leur édito du type "Devait-on publier ces images?".

    Ce qu'il y a de passionnant dans cette affaire, ce n'est pas tant sa nature qui relève du sordide, mais plutôt sa résonance dans le jeu des clivages traditionnels de la société française. Beaucoup des supporters de DSK toujours sonnés par la disgrâce de leur champion, agitent hypocritement la ressemblance de cette affaire avec celle, vieille de plus d'un siècle, qui vit la France se déchirer autour de la mise aux fers d'un capitaine alsacien. 115 ans après le procès d'Alfred Dreyfus qui avait vu le paysage politique français  tracer sa silhouette entre droite nationaliste et gauche progressiste, le cas DSK procède par brouillage des valeurs. Brouillage qui voit, comme le faisait remarquer La Meuf, des femmes adopter des positions violemment sexistes tendant à excuser le plus inacceptable des comportements; brouillage des repères moraux de certains sympathisants socialistes aveuglés par un anti-sarkozysme irrationnel et partis dans une fuite en avant du type: "Je préfère voter pour un violeur que pour Sarko"(entendu pour de vrai dans une salle de cinéma); confusion idéologique qui voit des figures historiques de la gauche montrer leur vrai visage: celui de phallocrates blancs ayant un peu trop abusé des productions Marc Dorcel et pour lesquels la parole d'une soubrette noire demeure quantité négligeable.

    Une autre ligne de fracture apparait, celle entre les hommes de la génération de Strauss-Kahn et les jeunes adultes dont je suis. Cette réflexion m'est venue lors d'une conversation avec mon père qui m'a expliqué avec des mots simples qu'il ne croyait pas à l'hypothèse du viol; comme beaucoup de gens, il s'imaginait déjà glisser un bulletin DSK dans l'urne  et, désormais privé de cette perspective, il ne peut s'empêcher de maudire cette trouble-fête aux plumeaux maléfiques. Mon père (que je n'accuse aucunement de sympathie pour un comportement criminel) m'expliqua que contrairement à ce qu'essaient de nous faire croire les inquisiteurs yankees, les choses ne sont pas si simples et que parfois, le désir se loge dans la zone ténue entre refus de façade et consentement implicite.

    Les hommes de la génération de mon père sont les produits de cette mentalité qui prône la conquête et qui veut qu'on aille "chercher" la femme que l'on désire. À cet égard, les femmes, premières cibles de cette rhétorique conquérante, aiment à répéter qu'un tsar demeure bien plus sexy que tous les  mahatmas du monde. Talleyrand n'a-t-il d'ailleurs pas écrit en son temps que les femmes pardonnent parfois à celui qui brusque l'occasion mais jamais à celui qui la manque? DSK, présenté sur nos contrées comme un séducteur patenté, paye le prix pour n'avoir pas pris la mesure du décalage sémantique entre l'acception française du verbe "séduire", latine, abstraite et finalement chaste, et son acception anglo-saxonne ("to seduce"): frontale et sexuelle.

    Cette affaire nous donne à réfléchir sur ce qui fonde les lois vertigineuses de l'attraction: désirer, c'est admettre que la frustration est un moteur. Et séduire, c'est dominer.

     

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